23 jours, 21 étapes, 1646 km, 56 500 m de dénivelé, 42 cols à plus de 2000 m

Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Pour nombre de riders, il faut une année entière pour les atteindre. Pour le Mouginois Mikael Fanget, il a suffit de 23 jours, et c’est sur un itinéraire emblématique qu’il les a réalisés. Trois ans après la Traversée des Alpes en 21 jours par Tito Tomasi, un autre Azuréen s’est donc lancé ce défi énorme Ljubljana (Slovénie) et Nice. Pour y rendre hommage, voici le récit de Mikael et les vidéos de son épopée…

Grand amoureux de montagne et de vélo sous toutes ses formes VTT et route, je me suis lancé à la découverte du GR5 en solo en août 2018. Itinéraire parfait pour découvrir les chemins alpins et surtout pour me tester sur ce genre de périple, cette aventure de 8 jours m’a donné encore plus envie de découvrir nos Alpes et surtout celles hors de France. Inspiré par l’ouvrage de Pascal Gaudin “Integralpes” et par la Via Alpina (réseau de randonnées pédestres alpines qui relie Trieste à Monaco), j’ai alors décidé de tracer ma propre trace, mon propre itinéraire. Un parcours adapté à mon niveau à la fois physique et technique mais aussi au temps que j’avais devant moi (4 semaines).

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Vue globale de l’itinéraire de Mikael

J’ai décidé d’utiliser un VTT Cross-country, un Giant Anthem Pro avec 100mm de débattement avant et 90 mm arrière. Plutôt à l’aise en descente avec ce dernier sur les XMB et la TransV, ce choix est apparu assez évident. Ce type de vélo reste pour moi le meilleur allié pour ce type d’aventure car il n’est pas rare de faire de longues portions de routes et de pistes pour atteindre des cols alpins et des sentiers sauvage type GR. Dans ces cas-là, “tout bloqué”, le vélo offre un rendement supérieur à un modèle all-mountain ou enduro.

Au départ, les contraintes de budget m’ont fait pendant longtemps penser que j’allais partir avec une tente pour avoir une certaine autonomie et me permettant d’adapter mes étapes en fonction de la forme et des conditions météorologiques. Mais après plusieurs semaines de réflexion et de test terrains (en passant par de longues nuits blanches en tente…), j’ai décidé quelques jours avant de partir, de ne pas prendre ma tente et de partir uniquement avec un matelas ultra light et un duvet de bonne qualité. Pourquoi ? afin de libérer du poids et surtout bien dormir en s’appuyant donc sur le réseau de refuges gardés et non gardés ainsi que certains abris pour me refaire la cerise après des journées bien remplies.

Me voilà donc au départ de cette aventure le dimanche 19 juillet 2020 à Ljubljana pour une traversée de plus de 1500 km et quasiment 60 000 mètres de dénivelé positif. Devant moi, des massifs alpins que j’ai toujours rêvé de parcourir à VTT. Une expérience dingue que je n’aurais pas l’occasion de refaire de sitôt. Ayant eu le temps pendant le confinement de préparer avec minutie mon parcours grâce à Strava Global Heatmap, Openrunner et Google Earth, je pars très sereinement sur les chemins que mon Garmin me dit de suivre. 

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Les fameuses Tre Cime de Lavaredo, en Italie

2 journées et demie de ride en Slovénie et je quitte déjà ce pays magnifique à contre-coeur et me promets de revenir ici pour mes prochaines vacances à la découverte de massif du Triglave et de ses lacs. Il faut avancer vers l’Est, je suis déjà aux portes des Dolomites en Italie. Un massif qui me fait tant rêver depuis que je l’ai visité avec ma compagne en campervan. Après un portage très difficile, j’arrive sous les fameuses Tre Cime de Lavaredo pile dans le timing que j’avais prévu (5ème jour) et j’enchaine durant des jours entiers une multitude de sentiers tout aussi impressionnants techniquement que beaux esthétiquement. Respectant finalement à la lettre les étapes que j’avais définies, j’avance plutôt bien dans cette traversée. Je fais mon entrée en Suisse le 10ème jour avec un portage dantesque à la sortie de Saint Moritz (pass lunghin) mais je replonge rapidement dans des sentiers incroyables. La traversée de la Suisse d’Est en Ouest est vraiment difficile. Les longues vallées et les pistes sont interminables et c’est dans ces moments-là que j’ai vécu les moments les plus difficiles physiquement et surtout mentalement. Mais les paysages traversés ont souvent surpassé ces coups de mou. Mes parents ont pu me loger dans leur camping car durant 3 soirées en Suisse ce qui m’a permis de bien dormir mais aussi de partager un peu avec eux cette aventure solitaire. Malgré quelques coups de stress pour trouver où dormir, j’ai à chaque fois trouvé de quoi, à la fois bien manger et bien récupéré des journées de 8 à 11h de vélo… Et les soirées en refuge m’ont aussi permis de partager de super moments avec des randonneurs souvent locaux et originaires du pays même, la crise du covid a permis de refaire découvrir les territoires montagneux proches à de nombreuses personnes. Après une transition très pluvieuse entre le Valais et le massif du Mt Blanc, mon arrivée en France se fait sous la neige et par -1 degré… Heureusement, je retrouve rapidement la chaleur et la canicule de l’été en traversant respectivement les massifs du Beaufortain et du Queyras avant de terminer sur les traces de la Transvésubienne que je commence à très bien connaître et qui m’emmène alors sereinement jusqu’à la mer Méditerranée.

Grand Col ferret sous la neige
23 jours de traversée dont 2 et demi de mauvais temps, avec même un peu de neige

Au fil des jours, mon corps s’est habitué aux 3000 mètres de dénivelé journalier et j’ai géré le physique en pensant toujours à la suite. Technicien-cycle dans un magasin de vélos, j’essaie de gérer tout autant la mécanique. Mes roues DT SWISS 1501 sont pour moi le meilleur rapport en matière de rigidité et de robustesse. Pas très exigeantes, elles me permettent de descendre en sécurité sans y laisser trop d’énergie. La groupe Shimano XT 12 vitesses me prouve une nouvelle fois qu’il fait référence dans ce type de pratique et mon train de pneus favoris (Maxxis Ardent et Crossmarck) se révèle aussi à la hauteur puisque je termine l’aventure sans aucune crevaison, tout comme lors du GR5 en 2018.

Voilà ici un bref résumé et présentation de cette aventure qui restera à jamais gravée dans ma mémoire. J’en retiendrai que nous connaissons trop peu la chaîne montagneuse des Alpes, du moins c’était mon cas avant. Quand je dis que j’ai traversé les Alpes, beaucoup de personnes pensent tout de suite au parcours entre le Lac Léman et Nice, qui n’est en fait que la partie française. J’ai traversé des paysages uniques qui m’on fait pensé tantôt au jura (Slovénie), tantôt au Mercantour, et à bien d’autres paysages auparavant roulés mais chacun de ces territoires traversés était unique et les sentiers empruntés étaient pour la plupart du pur caviar. Je retiendrai aussi que les Alpes du Sud restent vraiment incroyable.s Le Queyras m’a clairement ébloui ! Et l’arrivée à Nice par le célèbre GR5 et le Mt Chauve était très émouvante compte tenu du nombre de kilométrage et du dénivelé avalé pour arriver à terminer cette traversée de l’arc alpin en si peu de jours (23 jours).

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Dans la montée de la Bonnette, arrivée dans le 06 et toujours la banane

Aujourd’hui encore, j’ai encore du mal à réaliser et à me souvenir de la chronologie de toutes les images de ces trois semaines en VTT qui resurgissent dans mon esprit. Je suis régulièrement étourdi, rêveur des moments uniques passés sur cet arc alpin seul avec mon vélo, des moments qui m’ont souvent permis d’éprouver la sensation d’exister et de faire partie de cette nature et de ces montagnes. Depuis, le bruit de la Côte m’assourdit et je suis dérouté de ne pas arriver à avoir le temps de vivre de lenteur, d’émerveillement et de l’adrénaline des situations incertaines. Vous pouvez le réaliser à la lecture de ces derniers mots, c’est encore tout frais et l’émotion est toujours présente mais cela révèle en moi des envies et des projets bien plus grands. A suivre…

Glacier avant St Moritz
Une aventure exceptionnelle pour découvrir les plus beaux endroits des Alpes, comme les glaciers suisses

Instagram Mikael Fanget

Vidéos de la Traversée de l’Arc Alpin à VTT par Mikael Fanget

Partie 1 : Ljubljana (SLO) – Tre Cime de Lavaredo (ITA)

Partie 2 : Tre Cime de Lavaredo (ITA) – Livigno (ITA)

Partie 3 : Livigno (ITA) – Grindelwald (SUI)

Partie 4 : Grindelwald (SUI) – Névache (FRA)

Partie 5 : Névache (FRA) – Nice (FRA)

Conseil lecture

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Parmi les sources d’inspiration et d’information de Mikael, le livre Intégralpes, à découvrir ici

2 commentaires

  • Pooo, respect !
    Quelle belle Aventure !!! Merci Mikael d’avoir pris le temps et l’énergie de filmer et de ramener d’aussi belles images !
    Ca fait rêver (et souffrir…! )
    Bravo 🙂

  • Ça devait juste être incroyable comme expérience! Bravo pour cette performance!
    J’ai en tête se défit depuis quelques temps qui me pousse à l’organiser sérieusement pour l’été 2021 avec la particularité de faire cette traversé avec mon monocycle 27,5!
    A voir si le temps fait bien les choses et que mon projet arrive a se mettre en place. T
    Tes vidéos mon bien inspiré, merci! 🙂

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