Tito Tomasi a appris à aimer le VTT sur les sentiers du 06, et aujourd’hui il vit sa passion aux quatre coins du monde à grands coups de voyages où se mêlent vélo, surf et peinture. Du mont Vial aux contrées les plus exotiques de notre Terre, rencontre avec ce globe-trotteur insatiable pour qui vie rime avec partage et VTT.
Salut Tito. Pour commencer, rappelle-nous d’où tu viens ?
Je suis originaire de Gattières, une petite commune des Alpes-Maritimes. Comme beaucoup, j’ai commencé le vélo par le cross country, à la différence près qu’à Gattières on ne trouve que des sentiers raides et cassants… L’école parfaite pour acquérir une bonne technique, mais aussi pour se forger un caractère. Au club, il n’y avait pas de groupe pour les gosses, alors il fallait suivre les balézes ! J’apprenais énormément de cette génération, on me racontait la vie et on partait à l’aventure, on allait loin, on portait, on rentrait à la nuit… C’était trop bon. L’été, je faisais quelques courses de XC, mais je m’amusais déjà plus sur les enduros, même si j’avais toujours du matos rincé et que je roulais en t-shirt. Les courses ne me permettaient de découvrir de nouveaux terrains, ni de rouler avec des potes. Je garde malgré tout quelques très bons souvenirs de courses, mais pas n’importe lesquelles… Ma premiere Transvésubienne notamment. C’était en 2002, j’avais 17 ans et c’était énorme de se lancer un tel défi à cet âge ! Je me souviens que j’avais fait un bon départ, mais au quart de la course j’avais cassé ma patte de derailleur et rétrogradais de la vingtième à la 138e place. Après avoir réparé à Utelle, je repartais comme un fou et termineais 90e à Nice… Mon père était fier ! Il m’avait fait l’assistance et m’a aussi inspiré dans cette passion. Il ne faut rien oublier.
Treize ans plus tard, ton quotidien vélo a bien changé. Tu sors d’ailleurs d’une année 2014 juste incroyable. Fais-nous un petit débriefing.
Oula oui, 2014 fut une sacrée année ! Clairement dirigée par mon premier livre Trail Of Freedom, qui a été en quelque sorte le fil conducteur de toute ma saison. Nous voulions sortir le livre au Roc d’Azur pour toucher un maximum de monde, mais il manquait encore quelques destinations… Les trips se sont donc enchainés : Nicaragua, Cap Vert, Indonésie et Géorgie. En juillet, j’avais passé plus de trois mois en trip, c’était incroyable. Je consacrais ma vie à écrire, rouler, peindre et monter des films. Je garde un souvenir marquant et vif de chaque trip, je me suis éclaté dans l’aventure sans concession. Traverser le Nicaragua de volcan en volcan ; explorer l’île de Santa Antao au Cap-Vert en dormant chez l’habitant ; surfer les cotes désertiques de San Vicente ; rallier Bali à Sumbawa par la route, les sentiers et les bateaux, avec en point d’orgue la descente du volcan Rinjani jusqu’à la mer, qui restera un grand moment de vélo de montagne et un morceau de voyage intense. La Géorgie aussi m’a beaucoup surpris. En fait, au début, je voulais aller en Iran, mais au moment de partir la frontière était fermée, alors je me suis rabattu sur une autre destination, et j’ai découvert un spot de folie : le Caucase, une perle ! Des gens supers et de belles montagnes. Puis il a fallu rentrer et commencer le rush pour faire le livre et le sortir au Roc, d’autant qu’en même temps je repérais l’Est de la Haute-Savoie pour un prochain guide Vtopo (sortie au printemps 2015). Au final ce projet de livre fut un challenge énorme, mais je suis très content du résultat.
Après une telle saison, tu t’es un peu posé ?
Non. Le temps était clément cet automne, alors j’ai énormément roulé en France, c’était top. Puis j’ai commencé à préparer mes aventures 2015…
Allez, fais-nous rêver : d’où nous écris-tu ?
Je suis aux Canaries, avec ma copine et mon vélo. On voulait couper l’hiver et en plus, on n’avait plus de maison en France à ce moment… Un pote nous a trouvé un appart pas cher et hop! Pour le moment c’est surf et visites, mais on part bientôt pour Tenerife pour reprendre le vélo et trouver des sentiers. L’idée est de rester en forme pour la suite…
Quelle suite ?
Cette année sera différente. Je me lance un nouveau défi : jai envie de continuer à voyager mais j’aimerais me fixer des objectifs. Du coup, je vais courir des événements type aventure dans des grosses montagnes aux quatre coins du globe. Ca commence avec l’Andes Pacifico au Chili en février, puis quelques courses en France au printemps (Epic enduro en avril, AllMountain Challenge et Transvésubienne en mai, Trans-Provence en juin), avant de partir au Canada en juillet pour la BC Bike Race, puis je reviendrai dans les Alpes en août pour la Trans-Savoie en aout, et enfin j’irai faire la Yak Attack au Népal en novembre. Plus quelques surprises, des jolis trip photo et, je l’espère, une exposition l’hiver prochain avec POSCA.
Rien que ça ! Programme impressionnant. Et quel est le vélo qui aura la chance de voir tous ces beaux chemins en ta compagnie cette année ?
Ce sera le Rocky Mountain Altitude Rally la plupart du temps, mais aussi l’Instinct en fonction du terrain. Je suis super content de rouler pour Rocky de nouveau, mais aussi très fier de devenir ambassadeur de la marque. On partage beaucoup de valeurs et nos échanges sont plein d’espoirs, j’espère introduire un peu de ma vision dans l’image de la marque.
Mais au fait, pourquoi tous ces voyages ? Tu n’es pas bien sur nos bons vieux sentiers alpestres ? Qu’est-ce qui te fait vibrer dans le voyage ?
Avant de commencer à voyager avec mon vélo, j’avais bougé pour le surf principalement et cela pendant deux ans. Le voyage, ca fait partie de moi, de ma curiosité et de mes envies. J’essaie d’aller au devant de mes doutes, de me confronter avec le monde et de le voir. Ca m’inspire et me motive toujours à repartir.
A ce jour, quel est ton pays coup de cœur, celui qui t’a le plus marqué par ses sentiers, sa culture, ses paysages et les rencontres que tu y as faites ?
Même si la traversée des Alpes françaises reste mon meilleur souvenir VTT, c’est ce périple en Equateur qui me laisse le souvenir le plus fort et le plus complet. C’était réellement la première fois que je partais pour des semaines de traversée sur les sentiers, seulement armé d’un vélo et d’un sac de 20litres. J’avais l’impression de voler. Je souhaite à beaucoup une telle révélation. Un vélo, un sentier et le ciel, c’était du plaisir et de la liberté pure. Et puis l’Equateur est surement le plus bel endroit que j’ai vu dans ma vie. Les gens y sont vrais et généreux, la nature est riche. Allez-y !
S’il ne devait y avoir qu’un spot à rider dans le monde. Lequel choisirais-tu ?
Ah Ah ! Pas facile.. Partout il y a du charme, des choses à vivre, à condition qu’il y ait des montagnes bien sûr ! Mais il faut dire que dans les Alpes-Maritimes, on a tout : les sentiers, le cadre magnifique, la mer, le climat… C’est un endroit de folie, avec un sacré niveau et une vie sportive dynamique.
Pourquoi être parti vivre en Savoie alors ?
J’adore le 06, mais la Haute-Savoie c’est quand même sacrement bon aussi ! On y trouve des run super longs, des terrains assez variés, des forêts profondes, des atmosphères magnifiques, des lacs et surtout le Mt Blanc. Pour moi, c’était comme partir au Canada, ca représentait un tout nouveau terrain à explorer. A l’origine, il y a quatre ans, je suis parti pour être maître nageur à la Clusaz, puis j’ai réussi à vivre du vélo et aujourd’hui je suis ambassadeur du domaine! Maintenant, je commence à partager ces montagnes un maximum, entre photos et videos. Cette année, il y aura une surprise vraiment sympa avec ION France et à l’avenir pourquoi pas un événement dans l’esprit de ce département magnifique. En plus, Mavic, qui est un de mes partenaires, n’est pas loin non plus. Bref, c’est un bel endroit pour partager.
Comment te définis-tu aujourd’hui : Azuréen, Savoyard, citoyen du monde, globetrotteur ?
Un peu de tout ca. Je ne sais pas vraiment en fait. Je suis toujours un gosse qui dessine et fait du vélo. Je suis heureux de partager un maximum et d’avoir la chance de vivre tout cela.
En marge du VTT, tu occupes également tes trips à surfer. Quels points communs et passerelles relient tes deux disciplines ?
Le surf et le VTT ont énormément de points en commun dans la recherche des spots, l’observation et la contemplation de la nature, mais également dans l’action, car en surf aussi il faut être en forme et mériter sa vague et sa descente. Peu de personnes pratiquent ces deux sports, et pourtant ils se pratiquent dans un élément naturel et immense, et ouvrent tous les deux aux explorations de notre monde.
Et pour compléter ton triptyque, tu peins. Pourquoi ce mode d’expression ? Et comment la nature et les sentiers t’inspirent-ils dans tes peintures ?
La peinture est ma première passion, mais je devrais dire l’art, car j’aime énormément de formes d’expression : la culture, l’écriture, la photo, le dessin, etc. Je dessine depuis toujours, c’est ma façon de garder mon monde près de moi, mais aussi de le montrer et le partager. Ces peintures racontent des histoires que je vis. L’art intervient aussi sur ma façon de voyager et de rouler. Parfois, après avoir passé beaucoup de temps à peindre, je veux me projeter dans ces paysages, alors je pars. Et inversement, ce que je vois dans les montagnes me nourrit ; alors dès que je rentre, je peins et le complète avec ma propre sensibilité.