
En 2022, notre Loïc Bruni national est une fois de plus entré dans l'Histoire en remportant son 5ème titre mondial. Depuis quelques semaines, il a repris l'entrainement, bien décidé à enfoncer encore un peu plus le clou en 2023. On l'a appelé pour se remémorer ce jour sacré aux Gets et parler avec lui de la nouvelle saison qui arrive...
SURNOM SUPERBRUNI MADE IN CAGNES-SUR-MER AGE 28 ANS TEAM SPECIALIZED GRAVITY PALMARES 6X CHAMPION DU MONDE DH (1 JUNIOR, 5 ÉLITE), 4X CHAMPION DE FRANCE ÉLITE, 7 VICTOIRES EN COUPE DU MONDE, 2X VAINQUEUR DU CLASSEMENT GÉNÉRAL DE LA COUPE DU MONDE
Photos © Sebastian Schieck - Specialized | Interview réalisée par Matisse Pons en stage chez 1001sentiers
La saison dernière s’est terminée de façon folle avec ton 5eme titre mondial aux Gets. Quelques mois plus tard, quelles émotions te restent de cette année ?
Ca va peut-être vous surprendre, mais hormis ces Mondiaux aux Gets qui ont effectivement été exceptionnels, 2022 ne sera pas la saison que je retiendrai le plus car à part ça j'ai été blessé et je n’ai pas accompli grand-chose durant la saison. D’une certaine façon, ce titre a sauvé mon année et permis de finir sur une bonne note après toutes mes galères. Aujourd'hui, l’euphorie du moment est retombée et une nouvelle saison arrive.
De quelle manière ce cinquième titre, en France, devant tes fans et proches, a-t-il une saveur particulière par rapport aux précédents ?
Chaque titre est très fort et très précieux mais celui-là en particulier. Je n’avais jamais remporté de coupe du monde ou de titre mondial en France, je ne savais pas si j'allais être à la hauteur de l'enjeu et capable de m'imposer, d'autant que c’était peut-être la seule fois dans ma carrière que je disputais des championnats du monde dans mon pays. Même si je revenais de blessure, tout, lors de cette semaine, m’a galvanisé, tout s'est parfaitement déroulé, j'ai pu en profité, et ça s'est terminé en beauté avec ce titre dans une ambiance hallucinante. Assurément, tout le monde du vélo se souviendra de ce moment, de cette journée, et de mon nom. Voir mon nom en haut du podium était une grande fierté et je ne suis pas près d'oublier l’euphorie des Français.
Lolo porté en triomphe au milieu d'une foule en délire, ambiance surnaturelle aux Gets quelques secondes après le 5ème titre de Loïc Bruni.
Penses-tu qu’après cette saison compliquée, tu aurais pu envisager de gagner le titre si les championnats du monde n’avaient pas eu lieu en France ?
Le public a clairement joué un grand rôle. Ça faisait longtemps qu’on parlait des Gets et savoir que j’allais peut-être les rater à cause de mon épaule me dégoûtait vraiment. Donc ces championnats ont vraiment conduit ma saison, c’était le point de mire. Si ça n’avait pas eu lieu aux Gets et si cette semaine n’avait pas été aussi magique, je pense que je n’aurais pas été aussi bon. D’autant que les conditions étaient vraiment favorables.
Les Français sont particulièrement dominateurs ces dernières années. Pour toi, ceux sont à la fois des compatriotes, des copains mais aussi des adversaires. Peux-tu nous parler de vos relations et de comment tu gères cette ambivalence amis dans la vie / ennemis sur la piste ?
Ce n’est pas toujours facile car d'un côté la rivalité est bien présente et d'autant plus forte qu'on est tous très compétitifs, et de l'autre nous partageons une vraie amitié. Par exemple, avec Loris on se connait depuis plus de vingt ans, et Amaury aussi on se côtoie depuis qu'on est très jeunes. Désormais, on a tous bien grandi sur la question, on sait quand c’est le moment d’être rivaux et quand c’est le moment d’être amis, et on parle facilement de cette rivalité entre nous. Je dois dire que quand ils me battent, savoir que ce sont des amis aide à faire passer la pilule, quitte à perdre je préfère que ça soit eux qui gagnent.
Et 1, et 2, et 3 Français sur le podium des Mondiaux... Cocorico !
D’un point de vue matériel, est ce qu’il y aura du nouveau sur ton vélo l’année prochaine ?
Rien ne changera au niveau des sponsors, on poursuit notre collaboration avec les mêmes marques de composants, etc. En revanche, la grande nouveauté c'est que j'aurai un nouveau vélo. L'an dernier je n’ai roulé avec que sur les championnats de France, en 2023 je ferai toute la saison avec. Ce vélo est une grande opportunité pour nous, on a des updates d’Ohlins qui font vraiment le taf, et le feeling que j'ai aujourd'hui et les testings qu'on a réalisés sont très encourageants.
Côté mécanique, tu bosses depuis toujours avec le même mécano, Jack. Comment vous êtes-vous rencontrés et peux-tu nous parler de cette relation fructueuse ?
En fait c’est un peu par chance. Je suis tombé sur Jacko quand je suis arrivé chez Lapierre. Le courant est tout de suite bien passé. A l'époque, il faisait la mécanique pour Blenki, je pense qu’il était content d’avoir un Français dans l’équipe car les autres gars étaient loin tout l’hiver et n’avaient pas trop envie de faire du testing alors que moi j’étais plus proche géographiquement et j’avais envie d’apprendre. En 2015, Laurent Delorme, le team manager a décidé de faire un focus sur Loris et moi, donc j’ai eu Jacko rien que pour moi. A partir de ce jour, on a commencé à vraiment bien bosser, et ça ne s'est plus arrêté. J’aime beaucoup sa manière de travailler, on fonctionne bien ensemble, je lui fais entièrement confiance et les résultats suivent, donc il n'y a pas de raison de changer quoi que ce soit.
Voir cette publication sur Instagram
Une publication partagée par SUPERBRUNI - MTB RIDER (@loicbruni29)
Ca commence à faire un paquet de temps que tu es chez Specialized. Qu’est-ce que tu apprécies tant dans cette structure ?
Ça a beaucoup de lien avec les gens qui sont dans l’équipe. J’ai le même team manager depuis que j’ai commencé les coupes du monde. Il m’a suivi dans toutes les équipes et mon mécano aussi. On a des liens super forts, ce qui fait qu’on arrive à collaborer efficacement avec des grosses marques comme Specialized. En général, ces mastodontes font leur truc, te donnent ce qu’elles ont et ne sont pas forcément à l'écoute de tes besoins s'ils divergent de ce qu'ils avaient prévu, mais au fil des années on a réussi à faire changer les mentalités çà et là et à faire en sorte d’avoir ce qu’on voulait. On forme comme une petite famille malgré tout. C’est pour ça que j’aime autant ce team, ça me rappelle l’ambiance de mon club l'US Cagnes où on était tous des potes. Donc j’ai besoin de ça et comme l’équipe me l’a toujours procuré je ne vois pas de raison de changer.
Les coupes du monde débutent très tard cette année, que fais-tu de beau durant l'inter-saison ?
Oui, la saison commence super tard cette année, la première coupe du monde a lieu en juin, donc ça nous laisse du temps. Perso, j’ai pris beaucoup de plaisir jusqu’à fin décembre en faisant un peu ce que j’avais envie. Depuis un mois, on est vachement plus sérieux. Je fais pas mal d’endurance en ce moment et beaucoup de tests sur le nouveau vélo pour apprendre à mieux le connaître. Puis on va aller aux US pour justement aller faire des réunions avec les ingénieurs histoire que tout soit ok pour la saison qui arrive. Ensuite je pars en Nouvelle-Zélande avec Loris et Dailly histoire de profiter un peu du pays et de démarrer la saison aux Crankworx. Parallèlement, je passe pas mal de temps en Espagne, surtout qu'on vient de monter un projet là-bas avec Nico Vink pour tracer une piste. Je me suis beaucoup investi dans ce projet avec Red Bull et le bike park. Il manquait une vraie piste dans la région et maintenant tout le monde va pouvoir en profiter.
SuperBruni on air à Vallnord.
L’organisation des coupes du monde va être très différente en 2023 avec le changement d’organisateur, l’arrivée de Discovery et la mise en place des demi-finales. Qu’est-ce que tu en penses ?
Personnellement, je ne trouve pas l’idée demi-finales soit une bonne chose car le fait de rajouter une course supplémentaire avec autant de points, a fortiori dans la même journée, va faire qu'on sera contraint de rouler moins vite et peut-être de prendre moins de risques. Ce sera moins spectaculaire à la télé. Pour moi, ça se rapproche plus de l’enduro que de la descente.
Cette année, les championnats du monde se dérouleront à Fort William. Est-ce une piste pour toi ?
Non, pas du tout ! D’ailleurs c’est un de mes gros objectifs d’arriver à conjurer le sort là-bas car je n’ai jamais réussi à y performer. En plus c’est la dernière année qu’une course est organisée là-bas donc c’est un peu le moment où jamais d’arriver à changer les choses. Donc je suis chaud pour réussir mais j'ai conscience que ça va être dur.
Fort Bill' n'a jamais souri à Loïc. Va-t-il conjurer le sort en 2023 pour les Mondiaux ?
En marge de l'actu...
Repas préféré avant un run : Purée de pomme de terre avec du poulet... un truc facile à manger même quand on est noué.
Repas préféré après une course : Pizza avec toute l’équipe ou un bon Mc Do, histoire de tout ruiner !
Musique préférée : J’aime un peu tout, par exemple en ce moment j'écoute autant Scorpions que Damso.
Piste favorite : D'une façon générale je préfère les pistes rapides où tu n’as pas 50 choix de lignes et pièges à chaque seconde, à ce titre j'aime beaucoup Mont Sainte Anne.
Conditions de course préférées : Je déteste la boue, donc pour commencer il faut qu’il fasse beau. Ensuite, plus il y a de monde au bord de la piste, plus je suis apte à me transcender et à donner le meilleur, ça souligne l’enjeu et ça me galvanise.
À quoi penses-tu avant ton run ? Je pense à la piste, à bien rouler, à rendre fière mon équipe et les gens qui me regardent.