Pilote émérite, organisateur de l’Enduro des Portes du Mercantour, tenancier d’un shop de vélo, précurseur VAE… Depuis plus de quinze ans, Giordy baigne dans le monde du VTT avec de nombreuses casquettes et toujours beaucoup de réussite dans tout ce qu’il entreprend. A la faveur d’une journée passée sur “ses” terres (sentiers de la haute-vallée du Var), nous l’avons interrogé sur ses débuts, sa vision du vélo, sa longévité sur les podiums enduro, son regard sur le vélo électrique, son job à la Roue Libre et bien sûr son grand projet 2016 : l’organisation d’une Enduro World Series…

Photos © Greg Germain / 1001sentiers.fr

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Salut Olivier. Comment tout a commencé ?

A la base, je viens de la route (oups). J’en ai fait pendant dix ans (re-oups). Puis à 25 ans, je me suis mis au VTT cross-country, à l’appel d’un copain qui m’a motivé. Mon cousin Laurent, lui, faisait du VTT depuis plusieurs années déjà. Un jour, il m’a proposé d’aller voir la DH de Peille avec lui, mais ça ne m’intéressait pas, je lui ai rétorqué « je m’en fous de la descente. » Finalement, à force qu’il me tanne, j’ai cédé… et l’année suivante, en 2000, j’étais au départ de Peille avec un vélo de DH d’occasion que j’avais acheté.

Qu’est-ce qui t’a dirigé ensuite vers la descente marathon, puis l’enduro tel qu’on l’appelle aujourd’hui ?

J’ai fait de la descente pendant deux saisons. Mais venant de la route et du XC, le côté physique me manquait un peu, et j’avais envie de faire des journées entières de vélo, plutôt que 2 fois 3 minutes de chrono le dimanche. Alors je m’éclatais plus à me tirer la bourre avec les potes, et à participer à des rallyes enduro, Maxiavalanches et Megavalanches.

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Premier shooting avec Olivier Giordanengo, en 2007, sur les fameuses Terres Grises.

Cinq ans plus tard, un nouveau championnat d’enduro voit le jour dans les Alpes-Maritimes en 2007 : le 1001 Enduro Tour. Et tu es le premier à inscrire ton nom au palmarès. Quels souvenirs en gardes-tu ?

La naissance de ce championnat fut une très bonne chose pour les pilotes et les organisateurs, ça a permis de donner une certaine légitimité à cette discipline et de la reconnaissance à ceux qui s’y investissent. En cela, on doit être reconnaissant envers 1001sentiers d’avoir été précurseur en créant le premier championnat départemental d’enduro, chez nous qui plus est. Cela dit, 1001sentiers n’avait pas l’envergure qu’il a aujourd’hui, et le travail fait en termes de communication et de médiatisation autour du 1001 Enduro Tour aujourd’hui est beaucoup plus important que ce qui était fait à l’époque ; donc oui j’ai gagné en 2007, et c’était cool d’avoir enfin un vrai championnat d’enduro à la maison, mais le retentissement de mes victoires et de mon titre en 2007 était vraiment infime comparé à ce qu’il est aujourd’hui.

Qu’est-ce qui t’a motivé, huit ans après ton premier sacre et alors que tu t’étais converti au VAE, à repartir à la conquête du titre sur l’Urge 1001 Enduro Tour 2015 ?

Effectivement, cela fait quelques années que je me suis mis au VAE en compétition, mais je n’ai jamais arrêté l’enduro pour autant. Sur la première course de l’Urge 1001 Enduro Tour 2015, à Sospel, ça s’est plutôt bien passé (ndlr : c’est le moins qu’on puisse dire, Giordy s’est imposé, voir ici), et vu que je savais que les costauds (Florian Nicolaï, Nicolas Vouilloz, Fabien Barel) n’allaient pas faire toute la saison, je me suis dit qu’il y avait moyen de faire quelque chose, à condition d’être bien constant toute la saison, car en tant qu’organisateur de l’Enduro des Portes du Mercantour, je grille chaque année mon joker à Valberg, donc après je n’ai pas le droit à l’erreur ni de me blesser. Et ça l’a fait… Malgré mes 40 ans, j’ai réussi à garder ma première place jusqu’à la fin. J’ai pris beaucoup de plaisir et il y a eu plein de bonnes retombées pour moi et pour le magasin (La Roue Libre). Ca fait toujours du bien quand des amis, des gens, des clients, viennent vers toi pour te féliciter après chaque course, chaque victoire, qu’ils ont pu suivre sur 1001sentiers ou sur NiceMatin.

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Giordy en route vers son second titre sur le 1001 Enduro Tour, en 2015.

Du coup, rebelotte en 2016 ?

Bein écoute, tant que je peux et tant que je m’amuse, oui ! Surtout que l’année prochaine, avec les Portes du Mercantour qui deviennent World Serie (donc hors 1001 Enduro Tour), j’aurai enfin un joker comme tous les autres, en cas de chute, de problème mécanique ou de “jour moins bien”

Les Enduro World Series, parlons-en…

Cela fait deux ans qu’on tourne un peu autour du pot. On a toujours été très motivés, mais il y a des questions de finances et de partenariats qui ont fait qu’il a fallu un peu de temps pour aboutir. On a des partenaires qui nous suivent de nombreuses années et je ne voulais pas qu’ils soient lésés, donc on a tout fait pour qu’ils restent à nos côtés pour l’Enduro World Serie, qui est bien sûr l’aboutissement pour toute équipe organisatrice d’enduro aujourd’hui.

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A la tête de l’EPM, 3 hommes : Lionel, Olivier et Laurent Giordanengo (de gauche à droite).

Ce projet, tu le mènes avec toute la famille Giordanengo, et en particulier avec tes deux cousins Laurent et Lionel. Excités ?

A vrai dire, je ne sais franchement pas jusqu’à quand on va tenir, car d’année en année c’est de plus en plus tendu et nos vies de famille en pâtissent. A titre d’exemple, toutes nos vacances d’été, on les passe à bosser sur les chemins à Valberg. C’est simple : de fin juillet jusqu’à septembre, on est absolument tous les week-ends là-haut, plus une ou deux semaines avant la course. Après, on prend énormément de plaisir, on passe du bon temps entre cousins, on a une très grande complicité (égale voire supérieure à celle de frères) et on a la chance d’avoir toute la famille et quelques amis qui suivent, donc ce sont des grands moments de partage et d’émotion. De plus, depuis quelques semaines il y a de plus en plus de gens, voire même des coureurs qui soit craignent de ne pas réussir à s’inscrire, soit ne pensent pas avoir le niveau pour une World Serie, qui viennent vers moi pour me dire « je suis disponible pour l’organisation si vous avez besoin ». Ca motive et ça fait plaisir de voir un tel engouement. Mais il y a beaucoup de boulot ! Si bien qu’on s’est remis au charbon dès le lendemain de l’édition 2015, notamment pour monter tous les dossiers de financement qu’il fallait déposer avant fin octobre, puis on a fait les photos pour l’affiche avec Greg Germain début novembre alors que d’habitude on fait cela au printemps. Tout ça pour dire qu’on n’a pas vraiment l’impression que le rythme se soit calmé depuis juillet, et ce n’est pas prêt de s’arrêter. Bref, on ne va pas s’ennuyer en 2016, car on veut vraiment faire une course parfaite. Et on est motivés, très très très motivés !

Sans dévoiler de secrets, peux-tu déjà nous dire comment va s’organiser la semaine EWS en septembre prochain ?

La grosse nouveauté par rapport aux onze éditions passées, c’est qu’en 2016 il y aura des reconnaisses, parce que c’est une coupe du monde. Il y aura 2 jours de courses les 17 et 18 septembre, précédés par 2 jours (voire 2 jours et demi) de recos. Ce seront des reconnaissances libres, avec des heures d’ouverture pour chaque spéciale. Mais rassurez-vous, ça sera limité, les mecs ne pourront pas limer. Autre nouveauté : il n’y aura pas de spéciale sans chaine ni de poursuite ; on ne peut pas proposer cela sur les Enduro World Series. Quant au parcours, nous ne l’avons pas encore finalisé, mais a priori les deux journées seront un peu plus équilibrées que par le passé, avec toujours un samedi bien costaud, mais cette fois-ci autant de spéciales (4 en l’occurrence) le samedi que le dimanche.

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Août 2012. Gros chantier sur le chemin du Rubi en vue d’une nouvelle spéciale de l’EPM. Blessé, Olivier joue les maîtres d’œuvre pendant que ses sbires suent à la tâche.

Comment ça se passe pour les locaux qui voudraient faire la course ? Est-ce ouvert aux amateurs ? Dans quelles conditions ?

Suite aux classements des EWS 2015, les pilotes et teams qui ont des points disposent d’un accès prioritaire sur les épreuves 2016. Quelques semaines avant l’ouverture des inscriptions, ils reçoivent un email de l’organisation pour s’inscrire en avant-première. Les places restantes seront ouvertes à tous les autres pilotes, professionnels ou amateurs, qui le désirent. A savoir qu’il y aura a priori 420 places sur l’Enduro des Portes du Mercantour 2016, donc mettons qu’il y ait 150 pilotes prioritaires qui s’inscrivent, il resterait alors 270 places libres. Les inscriptions ouvriront le 25 janvier, et seront ouvertes durant 24h. J’en profite pour vous informer que le tarif d’inscription sera de 120 €, et que d’un point de vue licence la course sera ouverte à tout le monde. 

Malgré tout ce travail sur l’EWS, auras-tu encore le temps de t’entrainer cet hiver et de briguer de nouvelles victoires ?

On va essayer… Les deux principaux objectifs c’est l’électrique (viser une quatrième victoire sur la Transvésubienne VAE & faire les 3 coupes de France enduro) et l’Urge 1001 Enduro Tour. Mais je ne pense pas que j’aurai le temps de faire d’autres déplacements.

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En mai 2015, Giordy a remporté sa 3ème Transv en VAE, en 4 participations.

Toujours sur un Giant ?

Oui : le Reign en enduro et le Full-E en électrique. Ce dernier n’a pas évolué entre 2015 et 2016, contrairement aux VAE des autres marque, mais je pense qu’il est toujours très performant pour une Transvésubienne, un peu moins sur les enduros car j’ai moins de débattement que les autres. En tout cas, il risque d’y avoir du beau monde sur la Transv l’année prochaine : Laurent Solliet, JP Bruni, Claude Vergier, Benjamin Fouquet, Brice Thouret s’il ne la couvre pas en temps que médecin, Sam Peridy qui est vraiment chaud aussi… Ca serait génial si on était plus de 30 au départ en 2016 !

Quitte à parler matos, parle-nous de ton taf à la Roue Libre.

On a repris le mag en 2006 avec François et Nico, puis Fouad nous a rejoint en 2009 je crois, et aujourd’hui nous sommes 12 à Nice + le mag de Cagnes-sur-Mer depuis 3 ans. Perso, je crois à fond dans l’électrique, j’ai acheté un Matra le jour de mon arrivée à la Roue Libre, donc ça fait neuf ans qu’on en fait. Et je ne vous cache pas que je suis très fier d’avoir déjà fait 4 Transv en électrique, car au début on finissait toujours les batteries à plat, avec des vélos de 23 kilos ! Aujourd’hui, ça a bien changé. Et ce n’est que le début… Bientôt, on vendra plus de vélos électriques que de vélos classiques, j’en suis convaincu et c’est en train de se produire.

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Olivier, pleine balle dans les Terres Rouges sous les couleurs de “son” club : le CSPM VTT.

Le futur justement. Tu te vois où dans dix ans ?

L’électrique m’a redonné un bon coup de motiv’. Je ne pense pas que j’aurais continué autant la compétition s’il n’y avait pas eu le VAE. Mais certainement que dans dix ans je me serai un peu calmé et que je voudrai profiter un peu plus de ma famille, surtout maintenant que je vais avoir un deuxième enfant. Quant à la course, tant que la famille et les cousins seront motivés, moi je serai toujours là. Mais la relève se prépare : nos enfants grandissent, ça serait génial s’ils prenaient le relais dans quelques années, et à Valberg ça bouge beaucoup aussi, il y a une bonne équipe qui est en train de s’installer, une section kid, une section route. Je suis dans un club depuis que j’ai neuf ans, j’ai vu beaucoup de familles et de couples s’effondrer à cause de l’implication associative, donc je n’ai surtout pas envie d’en arriver là ; dès qu’il y aura trop de contraintes, je passerai le relais. Un président de club doit donner de son temps ; mais plus le temps passe, plus ce temps j’ai envie de le consacrer à ma famille.

Voir aussi :
• Siteweb du CSPM VTT
• Biographie d’Olivier Giordanengo dans Alpes-Maritimes Terre de VTT

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